BAN des VENDANGES
11 octobre
2014 / 20 vendémiaire 223
MONTMARTRE fête les POETES
Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Paul Verlaine, 1866
Le bistrot est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses
paroles…
Charles-Kevin Bodler, 2013
A force de vider
des verres de couleurs,
La couleur s'invita en nos joyeux tableaux,
Et
le vers s'enroula autour du caboulot
Auquel joue le Lapin le temps de trois chanteurs.
De la rue Saint Vincent aux multiples complaintes,
Le pas du promeneur longe nos ceps de vigne,
Remonte les pavés où Bruant lui fait signe,
Au Billard où Verlaine écrivait dans l'absinthe…
***
Poètes, bienvenue ! Entrez dans nos bistrots,
Car vous êtes déjà au cœur de nos mémoires :
On fredonne Carco,
Mac Orlan, après boire,
Ou Dimey en hiver, alentour d'un vin chaud.
Vous, poètes connus de nos journées d'école,
Vous, poètes maudits,
vous, flâneurs qui rêvez,
Vous voici réunis dans la rose cuvée
En laquelle flamboie tout l'art de la picole.
Car
oui ! c'est tout un art de capturer la rime,
De poser sa césure et deux trois métaphores,
Tout en levant au ciel son tremblant oenophore,
Avant l'aube aux croissants avec son café-crime.
Car c'est l'aube, déjà ! L'oiseau idée s'envole
De la cage pensée où on le croyait pris…
Restent un sonnet bleu, un
service compris...
Le chat sur la banquette observe puis somnole...
***
Toi qui viens, voyageur, de ces contrées étranges
Que le citadin ne connaît
que par ses fruits,
Nos poètes anciens te sourient aujourd'hui,
Car
ta joie accroche des rondeaux aux vendanges.
Montmartre a découvert
la poésie qui chante
Et qui dit la gaîté cachée au fond du vin !
Laissons les élégies pour d'autres lendemains :
Vivons l'instant présent dans notre vigne en pente !
En voyant vos habits aux multiples histoires,
Je crois voir un poème aux vers aléatoires
Qui suivrait le parcours hésitant du buveur ;
Et la foule ravie vous verra défiler,
Bretons et Provençaux, Normands et Bordelais,
Et vous ajoutera plusieurs ratons-laveurs !
Marielle Frédérique Turpaud
maire de la Commune Libre de Montmartre
APRES LA FETE…
Montmartre se rendort. Ronde des camionnettes
Engrangeant les cartons, les calicots roulés,
Lent poids des grands manteaux soigneusement pliés,
Bannière démontée
calée dans l’estafette.
Montmartre se rendort. Plus
de cris cornemuse.
Nos orgues revenues nous chantent nos chansons,
Bohème
d’Aznavour et de Mimi Pinson,
Les poètes buvant à la santé des Muses.
Montmartre redit aux Japonais doucement
Le
Montmartre éternel de Prévert et Bruant
(Ronsard est un gymnase et Jehan-Rictus décor).
Les bistrots veillent aux chevalets des artistes…
L’accordéon de rue porte nos amours tristes…
Moules frites café : Montmartre se rendort.
Marielle-Frédérique Turpaud
Dimanche soir 12 octobre 2014
21 vendémiaire 223
Au Rendez-vous des Artistes, sur le boulevard.